Front Matter
- International Monetary Fund
- Published Date:
- October 2015

Études économiques et financières
Perspectives économiques régionales
Afrique subsaharienne Faire face à un environnement qui se dégrade
OCT 15
©2015 International Monetary Fund
Édition française ©2015 Fonds monétaire international
Édition française
Traduction réalisée par les services linguistiques du FMI
sous la direction de Yannick Chevalier-Delanoue
Correction: Monica Nepote-Cit et Van Tran
PAO: Fernando Sole
Cataloging-in-Publication Data
Perspectives économiques régionales: Afrique subsaharienne.—
Washington: Fonds monétaire international, 2003–
p. ; cm. —(Études économiques et financières)
French translation of: Regional economic outlook. Sub-Saharan Africa.—Washington, D.C.:
International Monetary Fund, 2003–
v. ; cm.—(World economic and financial surveys, 0258-7440)
Twice a year.
Began in 2003.
Some issues have thematic titles.
1. Economic forecasting—Africa, Sub-Saharan—Periodicals. 2. Africa, Sub-Saharan—Economic conditions—1960—Periodicals. 3. Economic development—Africa, Sub-Saharan—Periodicals. I. Title: Sub-Saharan Africa. II. International Monetary Fund. III. Series: World economic and financial surveys.
HC800.A1 R445
ISBN: 978-1-51356-249-0 (français, version papier)
ISBN: 978-1-49834-433-3 (français, version PDF)
Le rapport sur les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne est publié deux fois par an, au printemps et à l’automne, et rend compte de l’évolution économique de la région. Les projections et considérations de politique économique qu’il présente sont celles des services du FMI, et ne représentent pas nécessairement les points de vue du FMI, de son conseil d’administration ou de sa direction.
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Table des matières
- Sigles et acronymes
- Remerciements
- Résumé analytique
- 1. Faire face à un environnement qui se dégrade
- 2. Compétitivité en Afrique subsaharienne: stagnation ou progression?
- Contexte
- Que révèlent les indicateurs de compétitivité?
- Compétitivité et croissance
- Aspects intéressant les pouvoirs publics
- Annexe 2.1. Méthodologie de construction d’un TCER fondé sur les chaînes de valeur mondiales
- Annexe 2.2. Construction de mesures des prix relatifs moyens des importations et des exportations
- Annexe 2.3. Estimation des déterminants de la durée des épisodes de croissance
- 3. Inégalités et résultats économiques en Afrique subsaharienne
- Évolution des inégalités en Afrique subsaharienne
- Inégalités et croissance dans la région
- Facteurs responsables des inégalités de revenu
- Politiques pour réduire les inégalités
- Conclusions
- Annexe 3.1. Comprendre les inégalités de revenu et entre femmes et hommes en Afrique subsaharienne
- Annexe 3.2. Déterminants des inégalités
- Appendice statistique
- Bibliographie
- Publications du Département Afrique du FMI, 2009–15
- Encadrés
- 1.1. Chocs des cours des matières premières et fragilité du secteur financier
- 1.2. Que faut-il voir dans la croissance rapide du crédit en Afrique subsaharienne?
- 1.3. Les objectifs de développement durable sous l’angle macroéconomique
- 2.1. Dévaluation du franc CFA
- 2.2. Résultats à l’exportation de l’Afrique du Sud et rôle des facteurs structurels
- 3.1. Pourquoi s’intéresser aux inégalités de revenu et entre femmes et hommes? Constats empiriques au niveau mondial et mécanismes macroéconomiques
- 3.2. Inclusion financière, croissance et inégalités en Afrique subsaharienne
- 3.3. Politiques pour éliminer les inégalités entre femmes et hommes: quelques exemples d’Afrique subsaharienne
- Graphiques
- Chapitre 1
- 1.1. Échantillon de cours de produits de base, janvier 2013–août 2015
- 1.2. Afrique subsaharienne: exportations à destination de la Chine, 2014
- 1.3. Afrique subsaharienne: émissions récentes d’euro-obligations
- 1.4. Afrique subsaharienne: marges souveraines des pays émergents et préémergents
- 1.5. Marges souveraines des pays émergents, 2014–15
- 1.6. Afrique subsaharienne: solde extérieur courant et solde budgétaire, 2008–15
- 1.7. Afrique subsaharienne: distribution des soldes budgétaires des pays, 2008 et 2014
- 1.8. Pays émergents et préémergents et pays de comparaison: ratio de la dette publique totale
- 1.9. Afrique subsaharienne: catégories de risque de la dette des pays à faible revenu, 2008–14
- 1.10. Échantillon de pays: dépréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar depuis octobre 2014
- 1.11. Inflation, fourchettes cibles d’inflation et évolution de la politique monétaire
- 1.12. Afrique subsaharienne: réserves
- 1.13. Afrique subsaharienne et pays de comparaison: dette extérieure
- 1.14. Afrique subsaharienne: projections de croissance du PIB réel, 2015, projections actuelles comparées à celles d’octobre 2014
- 1.15. Afrique subsaharienne hors Nigéria: dépenses publiques et sources de financement
- 1.16. Afrique subsaharienne: variation des recettes fiscales, moyenne pour 2000–04 et 2011–14
- 1.17. Échantillon de régions: recettes fiscales totales, 1995–2000 et 2014
- 1.18. Dépenses en capital des administrations publiques, 2000-04 et 2011–14
- 1.19. Afrique subsaharienne: estimations du potentiel de recettes fiscales
- 1.20. Échantillon de pays: ratio d’imposition effectif et potentiel, 2014
- Chapitre 2
- 2.1. Afrique subsaharienne: balance commerciale pour les marchandises, en proportion du PIB, 2000–14
- 2.2. Afrique subsaharienne: effets des variations de prix et de volume sur le ratio balance commerciale/PIB entre 2004 et 2014
- 2.3. Afrique subsaharienne: ratio importations/PIB, 1995–2011
- 2.4. Échantillon de pays: exportations nationales en proportion des exportations mondiales, variation entre 1995 et 2014
- 2.5. Afrique subsaharienne et pays de comparaison: part des produits manufacturés dans les exportations brutes par pays par rapport à cette part au niveau mondial, moyenne sur 2008–12
- 2.6. Afrique subsaharienne et pays de comparaison: variation du taux de change effectif réel, comparaison TCER standard et TCER sur base chaînes de valeur mondiale, 1995–2014
- 2.7. Afrique subsaharienne: variation du taux de change effectif réel, comparaison TCER sur base chaînes de valeur mondiales et TCER standard, 1995–2014
- 2.8. Afrique subsaharienne: variation du taux de change effectif réel, comparaison pays exportateurs de produits de base et pays non exportateurs de produits de base, 1995–2014
- 2.9. Afrique subsaharienne: variation du taux de change effectif réel standard, comparaison pays à taux de change flottant et pays à taux de change fixe, 1995–2014
- 2.10. Afrique subsaharienne: contribution aux variations du taux de change effectif réel standard, chiffres cumulés sur 1995–2012
- 2.11. Afrique subsaharienne et reste du monde: effet Balassa–Samuelson
- 2.12. Afrique subsaharienne: taux de change réel corrigé de l’effet Balassa–Samuelson
- 2.13. Afrique subsaharienne et reste des pays émergents et en développement: PIB réel par habitant et salaire horaire réel, 1983–2008
- 2.14. Afrique subsaharienne: prix relatifs des principaux biens et services non échangeables
- 2.15. Afrique subsaharienne et pays de comparaison: coût de transport par conteneur, 2014
- 2.16. Afrique subsaharienne: taux de change effectif réel mesuré sur la base des prix relatifs, 2005–11
- 2.17. Échantillon de régions: les piliers de la compétitivité
- 2.18. Afrique subsaharienne, autres régions et pays de comparaison: indice de compétitivité mondiale, 2014
- 2.19. Afrique subsaharienne: indice de la compétitivité–prix
- 2.20. Afrique subsaharienne: épisodes de forte croissance, 1980–2014
- 2.21. Échantillon de pays: durée de l’épisode de croissance et compétitivité
- 2.22. Afrique subsaharienne: compétitivité et épisodes de croissance depuis 2000
- Chapitre 3
- 3.1. Échantillon de régions: taux de pauvreté
- 3.2. Échantillon de régions: inégalité de revenu mesurée par le coefficient de Gini, 1980–2011
- 3.3. Échantillon de régions: indice d’inégalité entre femmes et hommes, moyenne 1990–94 et 2010
- 3.4. Échantillon de pays: évolution du coefficient de Gini et croissance du PIB réel par habitant, 1995–2011
- 3.5. Afrique subsaharienne: courbe de Kuznets, PIB par habitant et coefficient de Gini
- 3.6. Afrique subsaharienne: inégalité de revenu et inégalité femmes–hommes, 1990–2010
- 3.7. Afrique subsaharienne: écart de croissance par rapport aux pays de l’ASEAN
- 3.8. Afrique subsaharienne: écart de croissance par rapport aux pays de l’ASEAN
- 3.9. Afrique subsaharienne: nombre moyen d’années d’études achevées par les personnes d’au moins 25 ans, 2010
- 3.10. Afrique subsaharienne: comptes auprès d’un établissement financier, 2014
- 3.11. Afrique subsaharienne: restrictions légales fondées sur le sexe de l’intéressé(e), 1990 et 2010
- 3.12. Afrique subsaharienne: taux d’activité des femmes et développement
- 3.13. Afrique subsaharienne: recettes fiscales, 1990–2011
- 3.14. Afrique subsaharienne: plus haut niveau d’études atteint
- Tableaux
- 1.1. Afrique subsaharienne: croissance du PIB réel
- 1.2. Afrique subsaharienne: autres indicateurs macroéconomiques
- 2.1. Indicateurs de compétitivité
- 3.1. Croissance, inégalité de revenu et inégalité femmes–hommes: résultats des régressions
- 3.2. Diverses régressions des déterminants du changement de l’inégalité (coefficient de Gini net)
Sigles et acronymes
Afrique subsaharienne
Amérique latine et Caraïbes
Association des nations de l’Asie du Sud-Est
Banque interaméricaine de développement
Communauté de l’Afrique de l’Est
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
Communauté des États indépendants
Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
Communauté financière d’Afrique
groupe consultatif du FMI sur les taux de change
créances improductives
Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe
chaîne de valeur mondiale
évaluation du solde extérieur
Forum économique mondial
programme de comparaison internationale de la Banque mondiale
investissement direct étranger
indice d’inégalité de genre des Nations Unies
système des avis d’information du FMI
indice des prix à la consommation
Moyen-Orient et Afrique du Nord
objectifs de développement durable
Perspectives de l’économie mondiale
Perspectives économiques régionales
pays à faible revenu
part de la population en âge de travailler
pays à revenu intermédiaire
Penn World Tables
prix relatif moyen des importations
prix relatif moyen des exportations
rendement des actifs
Union douanière d’Afrique australe
Communauté du développement de l’Afrique australe
base de données mondiale normalisée sur les inégalités de revenu
taux de change effectif réel
taxe sur la valeur ajoutée
Union économique et monétaire ouest-africaine
Remerciements
L’édition d’octobre 2015 des Perspectives économiques régionales: Afrique subsaharienne (PER) a été préparée par une équipe dirigée par Céline Allard, sous l’autorité de Abebe Aemro Selassie.
L’équipe était composée de Rahul Anand, Jorge Iván Canales Kriljenko, Wenjie Chen, Christine Dieterich, Emily Forrest, Jesus Gonzalez-Garcia, Cleary Haines, Dalia Hakura, Anni Huang, Mumtaz Hussain, Naresh Kumar, Azanaw Mengistu, Clara Mira, Joannes Mongardini, Bhaswar Mukhopadhyay, Monique Newiak, Marco Pani, Shane Radick, Francisco Roch, George Rooney, Magnus Saxegaard, Vimal Thakoor, Alun Thomas, Juan Treviño, Fan Yang et Mustafa Yenice.
Ce rapport contient aussi des contributions de Tidiane Kinda, Montfort Mlachila et Rasmané Ouedraogo.
L’équipe a bénéficié du concours de Natasha Minges pour la production du rapport, assistée de Charlotte Vazquez pour la composition. L’édition finale du rapport a été supervisée par Joanne Creary Johnson du Département des communications.
Les conventions suivantes sont utilisées dans la présente étude:
- Dans les tableaux, un blanc indique que la rubrique correspondante est en l’occurrence «sans objet», (…) indique que les données ne sont pas disponibles, et 0 ou 0,0 indique que le chiffre est égal à zéro ou qu’il est négligeable. Les chiffres ayant été arrondis, il se peut que les totaux ne correspondent pas exactement à la somme de leurs composantes.
- – entre des années ou des mois (par exemple 2014–15 ou janvier–juin) indique la période couverte, de la première à la dernière année ou du premier au dernier mois indiqué inclusivement; le signe / entre deux années (par exemple 2014/15) indique un exercice budgétaire (ou financier).
- Sauf indication contraire, lorsqu’il est fait référence au dollar, il s’agit du dollar des États-Unis.
- Par «point de base», on entend un centième de point (de pourcentage). Ainsi 25 points de base équivalent à ¼ de point (de pourcentage).
Résumé analytique
Faire face à un environnement qui se dégrade
L’activité économique de l’Afrique subsaharienne s’est nettement affaiblie; on attend désormais une croissance de 3¾ % cette année et de 4¼ % en 2016, contre 5 % en 2014. Des trois facteurs à la base de la croissance vigoureuse de la région au cours de la dernière décennie—à savoir une amélioration considérable du climat des affaires et de l’environnement macroéconomique, le niveau élevé des cours des produits de base et des conditions financières mondiales particulièrement favorables—, les deux derniers ont perdu récemment beaucoup de leur vigueur. En conséquence, même si l’activité demeure plus soutenue que dans bien d’autres régions émergentes ou en développement, la forte dynamique de croissance observée en Afrique subsaharienne ces dernières années s’est dissipée. En outre, compte tenu de la possibilité que l’environnement extérieur devienne encore moins favorable, ces perspectives restent exposées à des aléas plutôt négatifs, d’autant plus que certains pays abordent cette nouvelle période avec des amortisseurs extérieurs et budgétaires plus réduits qu’au moment de la crise financière mondiale.
Ces perspectives globalement difficiles masquent toutefois des disparités considérables au sein de la région.
- Dans la plupart des pays à faible revenu de la région, la croissance économique se maintient grâce à la poursuite des investissements d’infrastructure et à la vitalité de la consommation privée. Mais, même au sein de ce groupe, les pays sont assez nombreux à pâtir de la chute des cours des principaux produits de base qu’ils exportent, même si la baisse des cours du pétrole allège leur facture d’importations énergétiques.
- Les huit pays exportateurs de pétrole de la région—qui contribuent environ pour moitié au PIB de l’Afrique subsaharienne et dont font partie les deux plus grands producteurs, le Nigéria et l’Angola—sont encore plus durement touchés, car la baisse des recettes d’exportation et les ajustements budgétaires sensibles qui en résultent pèsent sur l’activité.
- Plusieurs pays à revenu intermédiaire, dont l’Afrique du Sud, le Ghana et la Zambie, se heurtent aussi à des conditions défavorables, notamment la faiblesse des cours des produits de base, le durcissement des conditions financières dans un contexte de déséquilibres intérieurs prononcés, et des pénuries d’électricité persistantes.
Les politiques publiques doivent être adaptées à ce nouvel environnement.
- Sur le plan budgétaire, dans la grande majorité des pays de la région, la marge de manœuvre est limitée pour contrer les facteurs de ralentissement de la croissance économique. Pour les pays exportateurs de pétrole, la baisse prononcée et apparemment durable des cours du pétrole rend inévitable un ajustement et, si un petit nombre d’entre eux disposaient d’une certaine marge de manœuvre pour recourir aux amortisseurs ou emprunter afin d’étaler l’ajustement dans le temps, cette marge d’action se rétrécit rapidement. Pour la plupart des autres pays, les politiques budgétaires doivent continuer de s’inscrire dans un cadre de dépenses à moyen terme tenant compte à la fois de l’impératif de viabilité de la dette et des besoins de développement.
- Sur le plan monétaire, là où les termes de l’échange se sont nettement détériorés et où le taux de change n’est pas rattaché à une autre monnaie, il est important de laisser la dépréciation du taux de change amortir les chocs. Même dans les pays qui ne sont pas fortement tributaires des exportations de produits de base et qui ont vu dernièrement leur monnaie subir des tensions, compte tenu de la puissance des forces mondiales à l’œuvre, toute action visant à résister à ces tensions risque d’engendrer une perte de précieuses réserves. En conséquence, les interventions devraient être limitées aux épisodes de mouvements désordonnés des taux de change. La politique monétaire ne devrait servir qu’à contrer les éventuels effets de second tour sur l’inflation de l’évolution du taux de change et des autres facteurs de hausse.
- Enfin, il convient de surveiller de près les risques que font peser sur le secteur financier la baisse des cours des produits de base, en particulier dans les pays exportateurs de pétrole, et la dépréciation de la monnaie.
Compétitivité en afrique subsaharienne: Stagnation ou progression?
Dans le deuxième chapitre, nous examinons comment la compétitivité de l’Afrique subsaharienne a évolué en cherchant à déterminer si les conditions sont réunies pour que la région diversifie sa base d’exportations et préserve sa croissance économique. La période récente de forte croissance a été favorisée par un ensemble de circonstances exceptionnelles, mais, bien que cette période ait été accompagnée de nets progrès sur le plan de l’intégration commerciale, elle a aussi été marquée par une accentuation des déséquilibres commerciaux. Maintenant que certaines des forces à l’origine de l’épisode récent de croissance se sont dissipées, la région devra, pour préserver sa croissance économique, être compétitive de manière à accroître le degré de sophistication de ses exportations et s’insérer dans les chaînes de valeur mondiales.
La plupart des indicateurs révèlent une détérioration de la compétitivité ces dernières années, en particulier dans les pays exportateurs de produits de base. L’Afrique subsaharienne a connu moins d’épisodes de croissance soutenue que les autres régions; environ la moitié de ces épisodes se sont produits dans le contexte d’une forte expansion des exportations de produits de base et malgré une faible compétitivité. Inversement, dans le contexte de l’autre moitié des épisodes, la croissance soutenue a été rendue possible par une forte compétitivité—modèle qui devra primer à l’avenir.
L’action des pouvoirs publics devrait être axée sur l’émergence de nouvelles sources de croissance. Même si toute recommandation doit être formulée en tenant compte des spécificités nationales, de grands principes d’action se dégagent: conduire des politiques propres à préserver la stabilité macroéconomique, y compris permettre aux taux de change de se déprécier pour amortir les chocs de termes de l’échange, investir dans les infrastructures qui améliorent la productivité tout en veillant à la viabilité de la dette, supprimer les obstacles qui continuent d’entraver le commerce et améliorer les institutions pour créer un climat plus propice aux affaires.
Inégalités et résultats économiques en Afrique subsaharienne
Le troisième chapitre examine les conséquences pour l’Afrique subsaharienne du niveau obstinément élevé des inégalités de revenu et des inégalités entre les femmes et les hommes. Les niveaux d’inégalité en Afrique subsaharienne sont parmi les plus élevés au monde—tant pour l’inégalité de revenu que pour l’inégalité femmes—hommes—même si l’on tient compte du niveau de développement. Les données de plus en plus nombreuses recueillies à l’échelle mondiale montrent que ces inégalités peuvent nuire à la stabilité macroéconomique et à la croissance; aussi ce chapitre examine-t-il les facteurs responsables de ces niveaux élevés d’inégalité sur la base de l’expérience accumulée en la matière dans d’autres régions du monde, et analyse les politiques envisageables pour les réduire et entretenir une croissance durable.
La réduction des inégalités pourrait se traduire pour la région par des gains considérables en termes de croissance économique. L’inégalité de revenu apparaît nettement plus prononcée à tous les niveaux de revenu en Afrique subsaharienne qu’ailleurs, l’inégalité entre femmes et hommes n’étant qu’un des facteurs contribuant à ce résultat. Il ressort aussi de notre analyse que la diminution de l’inégalité de revenu et de l’inégalité femmes—hommes pourrait produire des dividendes de croissance appréciables, de près d’un point de pourcentage par an si l’inégalité était ramenée aux niveaux observés dans certains pays émergents dynamiques d’Asie. Si les déficits d’infrastructures et les différences de niveau d’études—qui devraient être au centre de l’action des pouvoirs publics—continuent de peser plus lourdement sur la croissance économique dans les pays à faible revenu et les États fragiles, il semblerait que, dans les pays à revenu intermédiaire, les mesures directement ciblées sur les inégalités puissent se traduire par des gains de croissance. Les niveaux élevés d’inégalité observés dans la région semblent être attribuables en partie à des caractéristiques structurelles, telles que la dépendance de certains pays à l’égard des exportations de pétrole, mais il s’avère que les politiques ouvrant l’accès des femmes et des ménages à faible revenu à des atouts tels que l’éducation et les soins de santé ont aussi leur importance. À cet égard, des initiatives budgétaires et financières bien conçues ainsi que la suppression des restrictions légales fondées sur le sexe pourraient réduire les inégalités.